Mon fils

Communiqué de presse 4.11.2016

Une femme Erythréenne et son fils de 7 ans, sont « assignés à résidence » puis harcelés par la police et le SPOP du Canton qui les attendent au retour de l’école voire aux rendez-vous de leur médecin!

Tandis que diverses organisations dont Amnesty International lancent un cri d’alarme concernant la pratique des renvois en Italie, le canton de Vaud a fait assigné à résidence Mme G. et harcèle de manière grave, répétée et illégale une mère érythréenne et son fils de 7 ans scolarisé dans une commune de l’est vaudois : la police et un collaborateur du SPOP se sont rendus au foyer pour les attendre au retour de l’école avant de contacter aujourd’hui leur médecin pour connaître l’heure de leur rendez-vous !

Mme G. a quitté l’Erythrée avec son fils après avoir échappé à un emprisonnement et à plusieurs menaces de la part des militaires. Arrivée à Lampedusa après un périlleux voyage, elle est restée une dizaine de jours sur place, dormant dans les parcs publics et les gares avec son fils. Arrivée en Suisse grâce à l’aide de compatriotes avec l’espoir de mettre enfin son enfant en sécurité, elle se trouve sous le coup d’une décision de renvoi vers l’Italie ! Elle refuse de prendre un vol organisé par le canton de Vaud afin de protéger son enfant. C’est alors que la police vient la chercher pour l’emmener à une audience où elle est assignée à résidence, afin de faciliter son expulsion et la recherche actuellement, avec le concours du SPOP, par tous les moyens dont les plus scandaleux (attente au retour de l’école, contact des médecins avec lesquels elle a rendez-vous) !

Ces pratiques sont inhumaines, violentes et graves. Vouloir renvoyer cette famille viole par ailleurs les dispositions signées par la Suisse : la Confédération est tenue à un examen individuel minutieux des demandes de personnes vulnérables et elle doit également s’assurer auprès des autorités italiennes que les requérants concernés bénéficient d’une protection adéquate en Italie. Comme le rappelle AmnestyInternational dans son rapport du 3 novembre « dans le cas des mineurs, les autorités suisses ont le devoir de respecter l’intérêt supérieur de l’enfant dans chaque décision, que l’enfant soit ou non accompagné d’un adulte. La Suisse doit dans tous les cas respecter la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. ». Or l’organisation le renvoi par la Suisse de mères célibataires avec des jeunes enfants et de personnes vulnérables parmi lesquelles figurent de nombreux mineurs. Ces pratiques sont contraires aux conventions des Nations unies relatives aux droits de l’enfant et au droit humain à la famille.

Le canton de Vaud viole sciemment ces dispositions et se rend coupable de nonassistance à personnes en dangern’hésitant pas à user de pratiques extrêmement inquiétantes pour arriver à leur fin (assignations à résidence, menaces, etc.) !

Nous demandons au Canton de Vaud de cesser immédiatement le harcèlement de Mme G. et de renoncer à son renvoi ! Ces pratiques sont intolérables! Nous appelons la société civile à accroitre la désobéissance civile en venant en aide aux réfugiés menacés par ces pratiques.

Le Collectif R continuera à se battre pour dénoncer ces renvois et défendre les personnes menacées. Devant des atteintes à la dignité humaine telles que celles subies par Mme G. et son fils, la détermination de nombreux parrains et personnalités issues de la société civile, ainsi qu’une part importante de la population vaudoise à lutter contre les accords de Dublin ne fait que se renforcer !

En bref, le parcours de Mme G. : Le mari de Mme G. était soldat dans l’armée en Érythrée. Un jour, il déserte de l’armée mais ne revient pas à la maison. Semhar pense toujours qu’il est à l’armée lorsque des gradés se rendent à son domicile pour la menacer et lui demandent de leur dire où se trouve son mari. Celle-ci ne pouvant rien leur dire, ils repartent mais reviennent quelques jours plus tard, menaçant une nouvelle fois Mme G. et ses enfants. Lorsqu’ils viennent une troisième fois pour l’emmener, elle parvient à leur échapper et s’enfuit avec ses deux fils au Soudan où elle a une sœur qui est mariée et qui ne peut accueillir toute la famille. Elle laisse un de ses fils avec sa sœur et organise son départ vers l’Europe pour trouver refuge. Elle cheminera alors avec son fils à pied et en voiture du Soudan vers la Lybie et, de là, embarque par la mer vers l’Italie. Arrivés à Lampedusa, ils y resteront une dizaine de jours, dormant dans des parcs publics ou la gare alors que des habitants locaux leur amènent parfois de la nourriture. D’autres migrants pris de pitié pour eux réussissent à réunir l’argent nécessaire à Mme G. pour s’acheter un billet de train et rejoindre la Suisse. Elle dit se sentir toujours menacée et recherchée par l’armée d’Érythrée. Et n’a, jusque-là, pas pu trouver la sécurité et la sérénité, face à la menace planant sur elle et les siens d’être renvoyée dans les rues de l’Italie avec son fils