Le Collectif R ferme le refuge de Mon-Gré, mais il continue sa lutte!

Après presque 3 ans de lutte, le Collectif R a pris la décision de fermer son refuge. Celle-ci ne résulte ni de fatigue, ni de tensions avec la paroisse du Sacré-Coeur, mais bien d’une bataille acharnée contre les autorités du Canton de Vaud. Aujourd’hui, l’outil politique qu’a été notre refuge n’est plus efficace. Il ne nous permet plus de protéger des personnes d’un renvoi, car celles qui refusent de partir sont automatiquement assignées à résidence dans leur logement EVAM. Cette mesure de contrainte demandée par le SPOP et prononcée par la justice de paix, si elle n’est pas respectée par la personne, prolonge son délai Dublin de 12 mois. Or nous ne pouvons décemment pas proposer à des gens de rester enfermé durant plus d’un an.

Aujourd’hui, le Collectif R tire un bilan de ses 32 mois de désobéissance civile.
Notre plus grande victoire, ce sont les 220 personnes qui ont échappé à un renvoi Dublin! Sur ces 220 personnes, toutes n’ont pas obtenu l’asile, malheureusement, mais au moins elles ont pu voir leur demande d’asile traitée dans le pays de leur choix.
A fin octobre, et selon les données des personnes avec qui nous sommes encore en contact, 23 personnes ont obtenu un permis B, 20 ont obtenu un permis F (admission provisoire). Les autres sont soit en attente d’une décision ou ont été déboutés.
Des chiffres plus complets sont joints à ce communiqué (annexe 1).

Et nous pouvons dire avec fierté que nous avons réussi à porter la problématique des accords de Dublin sur la place publique et dans les hémicycles politiques. Nous avons fédéré plus de 200 personnes autour de l’action menée au refuge (bénévoles et perma-nents) et nous avons sensibilisé et mobilisé aussi des personnalités des milieux politique, culturel et académique, qui sont devenues les parrains et marraines du Collectif R.
Vous trouverez une chronologie des événements les plus importants en annexe (annexe 2).

Toutefois, cette fermeture ne signifie en aucun cas que le Collectif R disparaît ou que son action s’arrête là. La situation actuelle est terrible et empire même pour les requérant.e.s d’asile et les personnes sous le coup d’une décision de non entrée en matière « Dublin ». Les autorités continuent à renvoyer des personnes sans égard pour leur situation (femmes et enfants, personnes traumatisées et fragilisées, etc.), bafouant leurs droits (des familles sont séparées), des personnes sont entravées aux mains et aux pieds comme des criminels dangereux alors que leur seul délit est de se trouver sur le territoire suisse. Pire encore, une personne est morte dans une cellule de la police faute d’avoir été écoutée. Une mère de famille a été brutalisée et on l’a empêché de s’occuper des ses filles malades lors d’un transfert par vol spécial vers la France. Et ce ne sont que quelques exemples. Les autorités fédérales ne font pas mieux : le SEM triche sur les chiffres en se vantant d’utiliser avec magnanimité la clause de souveraineté, et il responsabilise les femmes des violences qu’elles ont subies. Et il est permis de douter de l’impartialité des juges du Tribunal administratif fédéral traitant les recours.
Des témoignages figurent en annexe (annexe 3).

Cette attitude de guerre contre les migrants est intolérable et doit cesser. Le Collectif R continue à mener des actions dans ce sens. En tout cas, la Suisse ne peut plus prétendre être une terre d’accueil ou la championne de l’aide humanitaire. Elle profite au maximum des accords de Dublin et renvoie à tour de bras, alors que le nombre de demandes d’asile ne cesse de diminuer (grâce aux accords scélérats conclus par l’UE avec la Turquie, la Libye, etc.).

Enfin, l’attitude des autorités cantonales, notamment de Philippe Leuba et du Conseil d’Etat dans son entier, a été particulièrement méprisante vis-à-vis des réfugiés et du Collectif R. Sans aucun respect pour un mouvement de la société civile de ce canton, dont nous faisons partie, depuis plus de deux ans, elles ont refusé tout dialogue. Elles ont préféré considérer les requérant.e.s d’asile comme des numéros à faire entrer dans les statistiques de la Confédération au lieu de considérer les personnes en tant qu’individus ayant droit à une protection. Nous avons été particulièrement choqués par le silence du Conseil d’Etat lors du décès de Lamin Fatty le 24 octobre dernier.

Le Collectif R tient à remercier chaleureusement le conseil de paroisse du Sacré-Cœur et M. le curé Gabriel Pittet pour leur accueil, leur compréhension et leur solidarité envers les habitants du refuge et toute la population migrante durant plus d’un an et demi. Certaines activités qui ont été initiées durant cette période vont d’ailleurs continuer pendant quelque temps à Mon-Gré. En effet, si ce refuge a protégé concrètement des personnes contre des renvois, il a été également le lieu de rencontres, d’échanges et de partage.
Un lieu de solidarité.

Communiqué de presse du 20 décembre 2017

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